SAINT THOMAS D’AQUIN

saint_thomas_daquinSaint Thomas d'Aquin
(1225 - 1274)
Théologien


Tous les animaux sont par nature soumis à l'homme (Somme théologique, Thomas d'Aquin)


Lorsque Thomas d'Aquin (qui est devenu une autorité décisive pour des siècles !) en vint à parler de la question de la survie de l'âme animale, il tenait clair pour lui que "l'âme de l'animal ne participe pas d'un être éternel".

En effet, "dans les animaux ne se trouve aucun désir d'éternité, mais ils sont éternels comme espèce, dans la mesure où se trouve en eux un désir de reproduction grâce à laquelle l'espèce continue d'exister". Avec un tel 'argument' (aristotélicien), on trace apparemment sans équivoque la frontière entre l'homme et l'animal.
(De l'immortalité des animaux - Eugen Drewermann / Thomas d'Aquin, Somme contre les Gentils, II, 82)

Saint Thomas d'Aquin devenu le "Docteur commun" de l'Eglise romaine, va durablement cristalliser une doctrine désormais officielle. L'âme des bêtes, en tant que privée de raison, le sera aussi d'élection; l'animal ne peut prier, n'étant pas appelé à la vie bienheureuse (Somme, 1, quaest.83, art.10 et Comm. Sentences, 4, dist.15, quaest 4) ; s'il a une "âme vivante" (la vie) mais non subsistante, il n'est rien que 'ex appetitu sensitivo' 'et idem apparet in motibus horologiorum et omnium ingeniorum humanorum quae arte fiant' (Somme 5 (2), quaest. XIII, art.1). Texte capital, car c'est déjà, et littéralement, l'animal-machine.
Enfin, saint Thomas établit déjà la doctrine qui va condamner la cruauté envers les bêtes sans viser directement celles-ci et en fonction de ses regrettables effets sur l'homme : "Si quelque passage des Saintes Ecritures semble nous interdire d'être cruels envers les animaux... c'est ou bien de crainte qu'en étant cruel envers les animaux on ne devienne cruel envers les êtres humains ou bien parce que des blessures infligées à un animal entraînent un dommage spirituel pour l'homme" (cité par Keith Thomas, 1975 : 199). La doctrine des devoirs indirects fera école et la bulle De Saluto Gregis (Pie V, 1er nov. 1567) contre les courses de taureaux et combats d'animaux sera avant tout, semble-t-il, destinée à préserver les fidèles " des maux imminents qui menacent les corps aussi bien que les âmes."
(Et si l'aventure humaine devait échouer, Théodore Monod)

Or tous les animaux sont par nature soumis à l'homme. C'est une chose que l'on peut établir à partir de trois données. La première est l'ordre même de la nature : de même, en effet, que dans le genèse des choses on saisit un certain ordre selon lequel on passe de l'imparfait au parfait, car la matière est pour la forme et la forme la plus imparfaite pour celle qui est plus parfaite, de même en est-il aussi de l'usage qui est fait des choses de la nature, car les êtres plus imparfaits sont mis à la disposition des parfaits (...)
La deuxième donnée est l'ordre de la divine providence, laquelle gouverne toujours les inférieurs par les supérieurs. Aussi, comme l'homme est au-dessus des autres animaux, puisqu'il a été fait à l'image de Dieu, est-il convenable que les autres animaux soient soumis à sa conduite.
La troisième donnée consiste dans les propriétés respectives de l'homme et des autres animaux. Dans les autres animaux, en effet, on trouve au niveau de leur pouvoir naturel d'estimation une certaine participation de la prudence concernant quelques actes particuliers, tandis que dans l'homme on trouve une prudence universelle qui fournit le plan de tout ce qu'il y a à faire. Or tout ce qui est par participation est soumis à ce qui est par essence de façon universelle. Et ainsi il est clair que la sujétion des autres animaux à l'homme est naturelle.
(Somme théologique, 1A, Q96 in Si les lions pouvaient parler, sous la Direction de Boris Cyrulnik)