SAÏ BABA Sathya

saibabaSwami Sri Sathya Saï Baba
(1926-2011)
Maître spirituel indien


Le souffle, la vie et l’âme.

Il a toujours été plus facile pour l’homme de prendre position sur des problèmes lointains dans lesquels il n’est pas directement impliqué, que de combattre pour des causes qui lui sont proches. Comme disait un défenseur du droit des animaux : « Protester contre les combats de taureaux en Espagne ou le massacre des bébés phoques au Canada alors que l’on continue à manger des poulets qui ont passé leur vie entassés dans des cages ou des veaux qui ont été privés de leurs mères…c’est la même chose que de dénoncer l’apartheid en Afrique du Sud, alors que l’on demande à ses voisins blancs de ne pas vendre leur maison à des noirs ».

De façon évidente, cela montre que nos pensées, nos paroles et nos actes sont en contradiction les uns avec les autres. Ce n’est que lorsqu’ils sont en harmonie que la « transformation intérieure » ardemment souhaitée peut intervenir chez l’homme : les deux dépendent mutuellement l’un de l’autre. Ainsi que l’explique Sir Georges Travelyian : « une loi spirituelle essentielle est que, pour chaque pas qu’il fait vers une connaissance plus élevée, l’homme devrait en faire trois pour améliorer son propre caractère ».

Dans un discours assez récents aux fidèles étrangers, Swami parla de la relation existant entre la nourriture et le développement spirituel en disant : « Les Etats-Unis ont une grande réputation en tant que pays incarnant la richesse (on l’appelle pays de Kubera). Les gens ne manquent pas de nourriture et il n’y a pas d’obstacle au plaisir ». Il attira l’attention sur le nombre élevé de décès ‘anormaux’, englobant sous ce terme les morts pas suicide ou à la suite de divorces, domaines où les USA et l’Europe détiennent un triste record. Il attribua ceci à « une nourriture générant des perturbations dans le mental ».

Dans notre société, où la consommation de viande est prédominante, les données scientifiques font ressortir que la consommation de quantités excessives de viande, de produits laitiers et d’aliments industriels trop raffinés est grandement responsable de l’augmentation des affections cardiaques, de l’ostéoporose et du cancer. Les autres facteurs majeurs qui contribuent à ce résultat sont, naturellement, la pollution de l’environnement, l’usage largement répandu des insecticides et des produits chimiques dans l’alimentation, le problème de l’alcoolisme, du tabagisme et du stress mental.

Au cours des dernières décennies, l’élevage industriel aux Etats-Unis a conduit aux conditions déplorables dans lesquelles les animaux sont élevés pour produire de la viande. Hormis le fait qu’ils sont soumis à des souffrances et peines inouïes, ils sont nourris avec des produits chimiques et des hormones qui, en fin de compte, finissent dans notre corps et provoquent des maladies.

L’homme et les animaux

Notre mental est devenu à ce point programmé pour accepter tout cela comme étant le cours normal des choses, que nous ne nous interrogeons plus sur la validité morale et éthique des pratiques de la société dans laquelle nous vivons. La nourriture est principalement considérée comme le carburant du corps, et son rôle dans le développement de notre conscience et de notre esprit est largement ignoré. Or, la croyance hindoue est que plus la nourriture est ‘Sattvique’ (pure, équilibrée), plus nos pensées sont pures. Selon Swami : « il ne peut y avoir aucune régularité ou concentration dans les efforts spirituels tant que l’on consomme de la viande. »

Mahatma Gandhi dit aussi un jour : « Je pense que le progrès spirituel exige qu’à un certain stade nous cessions de tuer nos compagnons animaux pour nos besoins physiques. »

Les écritures hindoues déclarent que l’homme passe par de nombreuses vies animales avant d’obtenir une naissance humaine. A propos de cela Swami dit : « L’homme est plusieurs animaux en un seul. Il a en lui à la fois du chacal, du buffle, du tigre, de l’éléphant... Chacune de ces incarnations a laissé une empreinte dans son psychisme, comme la cicatrice que laisse une blessure. Par exemple un caractère instable et capricieux provient d’une vie précédente en tant que singe, alors que la bêtise est un vestige en tant que mouton. »

« Le mental représente le lieu du sacrifice et les instincts animaux qui demeurent toujours dans le caractère humain doivent être immolés sur l’autel du mental », dit Swami, en appelant ceci ‘Sacrifice Intérieur’, par opposition au sacrifice réel d’animaux qui est pratiqué comme une offrande religieuse à une déité invoquée, chose qu’il condamne sévèrement. Par conséquent, la révélation spirituelle implique que l’on élimine des défauts tels que la colère, l’égoïsme, la jalousie, l’avidité et l’orgueil, en les remplaçant par des qualités intérieures telles que l’amour, la compassion et la bonté.

Le mot sanscrit ‘Ahimsa’ signifie Non-violence ou fait de ne pas porter préjudice à autrui. Dans les traditions religieuses de l’Inde et en particulier dans la religion Jaïniste (dans laquelle on pense que la notion de ‘Ahimsa’ trouve son origine), la non-violence signifie le respect de toutes formes de vie, êtres humains, plantes et animaux, s’opposant ainsi à la destruction pour le seul plaisir de détruire n’importe quelle création vivante de Dieu. Dans le Jaïnisme les formes vivantes incluent quasiment toutes choses, aussi bien animées qu’inanimées : les montagnes, les rivières, les arbres, les plantes, tous possèdent le Jiva ou force de vie, en laquelle résident la conscience, la béatitude et l’énergie.

En Inde (pays qui possède le plus grand nombre de végétariens), le végétarisme est fondé purement et simplement par le seul principe de ‘Ahimsa’. Alors que toutes les formes de vie se nourrissent les unes des autres, la question pourrait surgir de savoir pourquoi l’homme devrait être végétarien et s’abstenir de consommer de la chair animale ? Le chat tue la souris pour son dîner ; les oiseaux picorent des vers de terre pour leur petit déjeuner… agir ainsi est leur ’dharma’, leur mode de vie. Ce n’est pas une question de choix pour eux. Les animaux chassent simplement pour se nourrir et ne prélèvent pas davantage que ce dont ils ont besoin. On peut voir le lion rôdant paisiblement parmi les antilopes et ne les chassant que pour obtenir sa nourriture. Avoir le libre arbitre signifie utiliser la conscience que Dieu nous a donnée pour prendre des décisions responsables, éthiques et morales. Or, l’homme est la seule créature vivante qui tue pour le plaisir.

Swami dit : « Les animaux ne sont pas venus sur terre dans le but de fournir de la nourriture aux êtres humains. Ils sont venus pour accomplir leur propre vie dans le monde. Mais nous nous sommes mis à consommer de la viande et cela est devenu une habitude. » Il ajoute : « Parmi les choses douées de Conscience ou Chaitanya, les plantes, les arbres, les insectes…tous ont réussi à conserver précieusement leur Dharma spécifique sans que celui-ci soit altéré par le temps qui passe. Mais l’homme, dont l’intelligence s’étend de la manière inerte et de l’infinitésimal jusqu’à la superconscience et à l’Universel, est la seule entité vivante qui ait failli et chuté. »

En faisant un retour en arrière sur l’histoire de l’Inde, il est intéressant de noter que la pratique d’Ahimsa a influencé la politique de certains de ses dirigeants les plus notoires. Dégoûté par les horreurs de la guerre, l’Empereur Ashoka, le plus grand des souverains indiens (IIIème siècle avant JC), se convertit au Bouddhisme précisément en raison de sa doctrine concernant la non-violence. Il promulgua aussi de nombreuses lois incitant à la compassion envers les animaux. Ceci incluait la création d’hôpitaux pour les animaux, le forage de puits et la plantation d’arbres pour leur procurer de l’eau et de l’ombrage sous lequel ils pourraient se reposer. La consommation des animaux fut restreinte et nombreux sont ceux auxquels il fut accordé un statut spécial et qui furent déclaré intouchables. Dans toute l’Inde, les célèbres édits d’Ashoka étaient inscrits avec les lois et les préceptes moraux relatifs au traitement des animaux.

Akbar, l’Empereur musulman qui régna sur la majeure partie de l’Inde de 1556 à 1605, était si fasciné par la religion Jaïniste qu’il étudia les principes de non-violence et fit adopter des lois pour limiter le massacre des animaux et même, dans certains cas, l’interdiction totale de les tuer. Ces lois aidèrent à provoquer une prise de conscience du caractère sacré de la vie et amena par-dessus tout, un changement d’attitude de la part des gouvernants et de certains de leurs successeurs.

L’éthique et la non-violence

Si nous examinons les cultures occidentales, nous constatons que l’éthique non-violente a été limitée aux épisodes de désobéissance civique de propagande contre la guerre et de pacifisme.
Elle tire son origine de recommandations bibliques telles que : « Aime ton prochain comme toi-même » et « tends l’autre joue », soulignant particulièrement ainsi la non-violence vis-à-vis de l’homme. Le concept visant à ne pas porter préjudice à la Terre ou au royaume animal ne figurait pas dans leur philosophie.

‘Ahimsa’ se répandit depuis l’Inde vers la Chine, le Japon et d’autres régions de l’Asie au moyen du Bouddhisme et, par la suite, influença certains mouvements de pensée en Europe remontant à l’époque d’Alexandre le Grand, au début du IVème siècle avant JC. Ces mouvements, qui militaient en faveur du végétarisme, ne reçurent pas l’approbation des autorités ecclésiastiques à leur époque, mais continuèrent à exister à une échelle réduite en Europe jusqu’au XVème siècle. La plus notable parmi celles-ci était l’Eglise Cathare qui fut fondée en Italie dans les années 1140 et les enseignements se propagèrent en France, Allemagne et Angleterre.

Plus tard, St François d’Assise, le grand amoureux de la nature et des animaux, qui voulait réconcilier l’esprit chrétien avec l’amour de la nature, eut une grande influence sur la piété et la pensée occidentale au Moyen-Age. La vénération de Dieu trouva son expression dans la vénération de la Nature.

Le XIXème siècle vit des Transcendantalistes tels que Ralph Waldo Emerson et Henry David Thoreau profondément influencés par les Ecritures Sacrées de l’Orient. Par leur philosophie, ils attirèrent l’attention des gens sur les valeurs esthétiques de la nature et des différentes formes de vie, inspirant ainsi les actuels écologistes.

Cependant, l’idée même de ‘végétarisme’ est loin d’avoir acquis droit de citer dans la société occidentale. Il existe aujourd’hui quelques ordres monastiques chrétiens qui pratiquent le végétarisme total, le plus connu d’entre eux étant l’Eglise Adventiste du Septième Jour. Leur philosophie est basée sur les enseignements de la Bible, où Dieu proclame : « Je vous donnerai toutes les plantes qui portent des graines partout sur la terre et tous les arbres donnant des fruits et contenant des graines ; ils seront votre confiture. » (Genèse 1.29)

Réincarnation et Karma

Avant de prendre conscience que toute vie est sacrée et que toutes les formes de vie sont interdépendantes, l’homme doit comprendre sa relation avec l’environnement.

Le Samskâra (les impressions générées par nos actions dans cette vie et dans les vies passées) détermine la nature de notre existence actuelle et des vies futures. La réincarnation est ainsi partie intégrante de la loi du Karma ; en blessant le royaume animal, nous encourons une très lourde dette karmique et attirons un châtiment sur nous-mêmes.

Le grand sage Yajnavalkya dans son Yajnavalkyasmriti, déclara que l’homme commet trois crimes en massacrant les animaux pour manger leur chair :

1/ Prânahara ou fait de prendre une vie innocente.

2/ Pida ou fait d’infliger de la souffrance à l’animal innocent durant le processus de son abattage.

3/ Viryakshepa ou crime de priver l’animal de son énergie en le mettant à mort.

Tous les êtres vivants accordent une grande valeur à la vie. Quel que soit l’être, celui qui est en vie s’efforce de rester vivant (ceci inclut les plantes), bien que le niveau de conscience puisse varier d’une espèce à l’autre. Aucune créature vivante ne s’offrirait d’elle-même pour nourrir un autre être vivant. Les animaux, les oiseaux et les poissons, et en fait toutes les créatures douées de mouvement ressentent, elle aussi le désir de vivre comme les humains eux-mêmes. Ils luttent, eux aussi, pleurent et ressentent la douleur lorsqu’ils sont blessés, de la même façon que nous la ressentirions si nous étions capturés et menacés d’être tués. La seule différence est que les animaux ne peuvent pas exprimer par la parole l’angoisse qu’ils éprouvent. On dit que les cochons que l’on abat crient d’une manière similaire à celle des humains.

Nous pourrions trouver des excuses en disant que c’est le boucher qui tue,que nous ne faisons que manger et que donc nous n’avons commis aucun péché. Swami répond en disant : « Le péché est commis celui qui mange, aussi bien que par celui qui tue. » Le philosophe et essayiste américain Ralph Waldo Emerson dit un jour : « Vous venez de finir de dîner, mais quelle que soit la façon dont l’abattoir est soigneusement dissimulé, vous êtes complices ». On dit que si les abattoirs étaient transparents, la plupart des gens de cette planète seraient végétariens. Nous choisissons simplement de ne pas penser à ce qui se déroule dans le bâtiment des abattoirs.

Il existe à ce sujet une histoire intéressante dans le livre d’Alexandra Tolstoï : « Tolstoï biographie de mon père ». Dans cette histoire, sa tante est invitée à dîner et son père veut lui donner une leçon concernant la vérité cachée derrière la consommation de la viande.

« Tatie aimait beaucoup la nourriture et lorsqu’on ne lui servait qu’un menu végétarien, elle s’indignait, disant qu’elle ne pouvait manger aucune de ces vieilles saletés et exigeait qu’on lui procure de la viande : du poulet. La fois suivante où elle fut invitée à dîner, elle fut stupéfaite en découvrant un poulet vivant attaché à sa chaise et un grand couteau dans son assiette. »

« Qu’est-ce que c’est que ça ? », s’écria Tatie. « Tu voulais du poulet ? » répliqua Tolstoï, se retenant à grand peine de rire. « Aucun de nous ne veut le tuer. Aussi, nous avons tout préparé afin que tu puisses le faire toi-même. » Scandalisée, elle n’en revenait pas.

Les Indiens américains, les premiers occupants de notre vaste pays vivaient dans une harmonie sacrée avec la Nature et le royaume animal. Bien que les circonstances les obligeaient à chasser pour se procurer de la nourriture dans ces terres sauvages, ils ne tuaient que les vieux animaux, ceux qui étaient malades ou faibles. Ils contribuaient ainsi à renforcer les espèces animales en question et participaient à l’équilibre de la Nature. Le fait de tuer ne se posait que pour des raisons de survie mais jamais pour le plaisir.

Lorsque vint le moment où les Indiens américains furent obligés d’abandonner leurs terres à l’homme blanc, le grand chef Seattle parla au nom de son peuple. Il aurait pu demander de nombreuses choses pour lui-même et son peuple, mais son unique requête fut celle-ci : « Je ne poserai qu’une seule condition : l’homme blanc doit traiter les animaux de ce pays comme ses frères. Car ce qui arrive aux animaux arrive ensuite rapidement à l’homme. Toutes les choses sont liées. »

Nous continuons à tuer et à infliger de la souffrance à nos compagnons animaux, que ce soit pour la nourriture, le plaisir ou la recherche scientifique, alors même que les conditions de vie ont totalement changé depuis l’époque pleine de défis et de difficultés que connaissaient nos prédécesseurs et alors que nous avons une bien plus grande liberté de choix.

Gardant présent à l’esprit que l’homme s’est élevé de la pierre vers la plante et de celle-ci jusqu’à l’animal pour en arriver en fin de compte à sa forme de vie actuelle, nous devrions nous souvenir de notre lutte pour atteindre l’existence humaine qui, selon les Védas, est la plus difficile à obtenir. Swami dit : « Ne retournez pas en arrière vers la bête. Elevez-vous plus haut vers la Divinité, en resplendissant dans le nouveau rayonnement de l’Amour. ». Il incombe donc à l’homme ayant atteint le sommet de l’évolution terrestre de se diriger lui-même, ainsi que toutes les créatures vivantes, vers le but qu’est la libération et d’évoluer vers une plus haute conscience.

Lorsque nous commencerons à ressentir cette « Unité dans la diversité », des pensées sacrées imprègneront progressivement nos pensées et nos actions. Ce sera alors un non-sens de prendre la vie d’un animal, à plus forte raison pour se procurer de la nourriture. Faire confiance à la force de vie contenue dans les végétaux, les fruits et les céréales, deviendra alors notre choix. Ainsi le végétarisme dépasse la simple nutrition ; il conduit à un nouveau mode de vie. Faisons donc en sorte de reconsidérer notre rôle privilégié dans le cycle divin de la vie et tendons une main secourable à nos compagnons les animaux.

(Indira Pradhan - Sanathana Sarathi – mai 1996)


Abolition du massacre du Bétail

Il y a autre chose pour lequel je veux attirer l’attention du Premier Ministre, c’est le massacre du bétail qui est pratiqué à grande échelle afin de satisfaire le goût sordide des personnes qui mangent de la viande. Je veux souligner, et ce encore pendant mon existence terrestre, l’importance vitale pour les personnes d’abandonner l’habitude de manger de la viande. Manger de la viande entretient des qualités animales en l’homme, le faisant régresser vers un état démoniaque. C’est un spectacle à vous fendre le cœur que de voir les vaches abattues pour servir de nourriture aux hommes. Depuis les temps anciens, la vache a été vénérée comme la mère à Bharat (Inde), Go-Maatha (Cow), Bhoo-Maatha (Mère de la terre), Desa-Maatha (mère utérine), sont toutes adorées comme des Divinités en accord avec la culture et la tradition de Bharat. L’abattage des vaches est répugnant pour la culture de ce pays. Les deux premières nécessités qui redonneront la gloire à l’état pure à ce pays, sont, l’approvisionnement en eau et l’arrêt de la tuerie des animaux en vue de nourriture pour les hommes. La violence sous quelque forme qu’elle soit est un mal et tuer des animaux innocents n’est rien d’autre qu’une flagrante sauvagerie. Je bénis le Premier Ministre et j’attends de lui qu’il accomplisse ces deux choses pendant son mandat.

(Sri Sathya Saï Baba, Sanathana Sarathi – décembre 1994)