GANDHI

gandhiGandhi
(1869 - 1948)
Guide spirituel de l'Inde


La loi de la majorité n'a rien à dire là ou la conscience doit se prononcer. (Selection from Gandhi par Nirmal Kumar Bose, 1948)


 

La fraternité des hommes et des bêtes


"Le meurtre d’une vache et le meurtre d’un homme sont les deux côtés d’une même médaille. La vache est un poème de compassion . Quand je vois une vache , je ne vois pas un animal qui doit être mangé . Elle est pour moi un poème de pitié. Je lui rends un culte, et je défendrai devant le monde entier le culte qui lui est rendu. Je crois à la protection de la vache dans un sens beaucoup plus large que celui qu’on lui donne actuellement. La protection de la vache n’est pas simplement la protection de la vache. C’est la protection de toute vie, de tout ce qui dans le monde est faible et impuissant. La protection de la vache signifie la protection de toutes les créatures muettes créées par Dieu. Les espèces inférieures nous adressent un appel d’autant plus puissant qu’il est muet... La protection de la vache signifie fraternité des hommes et des bêtes." (Ce que Gandhi a vraiment dit - J. Herbert)

Ahimsa, la non-violence

La tolérance est inhérente à l'ahimsa. Nous sommes de pauvres mortels en butte aux contradictions de la violence. Le dicton selon lequel la vie nourrit la vie, possède une signification profonde. L'homme ne peut pas vivre un seul instant sans commettre, consciemment ou non, de violence physique. Le fait de vivre, de manger, de boire et de remuer entraîne nécessairement la destruction de certaines formes de vie, aussi réduites soient-elles. Il n'en demeure pas moins que le non-violent reste fidèle à ses principes si tous ses actes sont dictés par la compassion, s'il protège de son mieux tout ce ce qui vit, s'il épargne même les créatures les plus insignifiantes et si, de cette manière, il se libère de l'engrenage fatale de la violence. Son abnégation et sa compassion ne cesseront de croître, mais il ne pourra jamais être pur de toute violence extérieure. (An autobiographie or the story of my experiments withTruth - M.K. Gandhi in Tous les hommes sont frères - Gandhi)

"Tant que physiquement, nous existons, il n'est pas possible d'être parfaitement non-violent, car le corps à lui seul est obligé d'occuper un minimum de place. Tant que nous ne sommes pas purs esprits, la non violence parfaite est aussi théorique que la ligne droite d'Euclide. Mais on ne peut faire autrement que s'accommoder de ces contingences. Il peut se faire que ce soit un devoir de supprimer une vie. Par exemple, on ne peut échapper à cette nécessité si on veut se nourrir; on ne se contenterait de légumes qu'on n'en détruirait pas moins une certaine forme de vie. Pour des raisons sanitaires on tue des microbes avec des désinfectants, des moustiques avec des insecticides, etc., et ce faisant, l'idée ne nous viendrait pas de nous sentir coupables aux yeux de la religion... On tue même les bêtes carnivores qui voudraient s'attaquer à l'homme... Parfois enfin on est bien obligé d'abattre un homme. Prenez le cas d'un fou furieux qui, armé d'une épée, supprimerait tout âme qui vive sur son chemin; force nous serait de le capturer mort ou vif. Et celui qui est venu à bout de l'énergumène a bien mérité de la communauté. On lui saura gré d'avoir rendu ce service.
Je note d'ailleurs que dans plus d'une circonstance, on répugne instinctivement à tuer un être vivant. Par exemple, on a proposé d'enfermer les chiens atteints de rage et de les laisser mourir lentement. Mais cette suggestion est incompatible avec ma manière de voir. Je ne pourrai jamais supporter un seul instant de voir un animal souffrir le martyre et mourir à petit feu, sans lui apporter le moindre secours. Si dans un cas analogue, je ne tue pas un être humain, c'est parce que je mets tout mon espoir en certains remèdes. Mais si je n'ai pas le remède approprié pour soigner un animal, j'estime que mon devoir est de le tuer. Si mon enfant était atteint de rage et si je n'avais aucun moyen pour soulager ses souffrances, alors je me ferais une obligation de mettre un terme à sa vie. La fatalisme a des limites. Ce n'est qu'après s'être aidé soi-même de son mieux qu'on peut s'en remetter au destin. Pour venir en aide à un enfant qui se débat dans les affres de l'agonie, il peut se faire que le seul remède qui reste soit de mettre fin à sa vie." (Selections from Gandhi - Nirmal Kumar Bose in Tous les hommes sont frères - Gandhi)

Dans le vie il est impossible d'éviter toute violence. Mais alors une question se pose : quelle est la limite à ne pas dépasser ? La réponse ne peut pas être la même pour tous. Car, si le principe demeure toujours le même chacun en fait une application différente. Ce qui est nourriture pour l'un peut être poison pour l'autre. Pour moi, manger de la viande est un péché. Mais, pour d'autres, habitués à en prendre et n'y trouvant rien de mal, ce serait au contraire une faute que d'y renoncer juste pour m'imiter. Supposons que je sois un agriculteur vivant en pleine jungle, il me faudra bien recourir à un minimum de violence pour épargner mes récoltes. Il me faudra tuer des singes, des oiseaux et des insectes. Si je répugne à le faire moi-même, je peux engager quelqu'un pour qu'il le fasse à ma place; mais vraiment dans ce cas, c'est du pareil au même. Il serait non moins fautif de laisser les récoltes dévorées par des animaux, au nom de l'ahimsa, alors que la famine sévit dans la région. Le bien et le mal sont des termes relatifs. Ce qui est bien dans certaines conditions peut devenir un mal ou un péché dans d'autres circonstances.
L'homme ne doit pas se noyer à ne vouloir déchiffrer que la lettre des shastras. Il doit plonger dans cet océan vivifiant qu'est l'esprit des textes et en rapporter des perles. A chaque pas, il lui faut faire preuve de discernement entre l'ahimsa et l'himsa. C'est alors qu'il faut bien se garder de toute fausse honte et de toute lâcheté. Le poète n'a-t-il pas dit que le chemin qui mène à Dieu est ouvert aux hommes courageux et que le lâche ne peut y avancer d'un pas ? (Mahatma, life of Mohandas Karaamchand Gandhi, par D.G. Tendulkar in Tous les hommes sont frères - Gandhi)

La vivisection m'inspire une horreur sans nom

"Je ne suis pas hostile aux progrès de la science, en tant que tels. Au contraire, je suis plein d'admiration pour la science occidentale; mais je m'indigne de voir des savants infliger de mauvais traitements aux autres créatures. La vivisection m'inspire une horreur sans nom. J'estime impardonnable ce massacre de vies innocentes, perpétré, soit-disant, au nom de la science et dans l'intérêt de l'humanité. Je dénie toute valeur aux découvertes scientifiques souillées par un sang innocent. L'humanité aurait pu fort bien découvrir la théorie de la circulation sanguine sans pratiquer de vivisection. Mais je vois venir le jour où l'honnête savant répugnera à des telles méthodes de recherches". (The mind of Mahatma Gandhi compilé par R.K.Prabhu et U.R.Rao in Tous les hommes sont frères - Gandhi)